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Mara Mattuschka

In Transit

Film expérimental | 35mm | couleur | 4:55 | Autriche, Allemagne | 2008

In Transit À l`entrée des Offices, à Florence, un affichage numérique indique au public faisant la queue le temps d`attente qui lui reste. En pleine saison, cette attente peut durer jusqu`à quatre heures. Or, à peine entrée, la grande majorité des visiteurs s`efforce de passer en revue le plus vite possible les incontournables du musée. Six secondes ? à en croire l`hypothèse initiale de Reinhold Bidner ? est le temps que consacre le visiteur moyen à un tableau. Dans sa vidéo intitulée In Transit, Bidner analyse ce phénomène. Plan d`ouverture : un tableau accroché au mur devant lequel est assis un homme, visiblement en train de se reposer. La caméra fait un lent travelling avant sur le tableau jusqu`à ce que l`espace environnant ait disparu ? et le tableau se met à bouger : le Portrait d`une Jeune Fille de William-Adolphe Bouguereau, grand peintre de l`académisme français, se transforme tour à tour en portrait de la fille de Rubens, puis en Jeune Bacchus malade de Caravage, en Tête de méduse de ce dernier ainsi qu`en une quantité d`autres portraits appartenant au corpus de l`histoire de l`art ? avant que, finalement, le sourire de la jeune fille de Bouguereau ne réapparaisse à l`écran ; la caméra s`éloigne et filme l`environnement, qui a changé. Plan final : une femme qui bâille. Pendant tout ce parcours virtuel du musée flotte sur le tableau un voile de gouttelettes où se reflètent les mouvements des visiteurs, fatigués ou fébriles, du Louvre. Par ce choix formel, Bidner tient le spectateur à distance, tout en instaurant un second niveau : celui du public venu regarder, mais tellement sollicité qu`il ne voit rien. Conjointement avec Richard Eigner qui a élaboré le son croissant et décroissant du film, Reinhold Bidner a réalisé une étude toute en finesse sur le comportement des personnes dans le musée du XXIe siècle. Une étude qui incite le public à poser sur l`art un regard plus dense, plus attentif. (Nina Schedlmayer)

Née en 1973 à Kaboul (Afghanistan), Lida Abdul est retournée habiter dans cette ville. Elle a vécu en Allemagne et en Inde en tant que réfugiée après avoir été forcée de quitter l?Afghanistan alors envahi par l?armée soviétique. Son travaille mêle les tropes du formalisme occidental avec un certain nombre de traditions esthétiques ? islamiques, bouddhistes, indiennes, païennes et nomades ? qui ont influencé l?art et la culture afghans. Elle a réalisé des ?uvres avec différents médiums, notamment a vidéo, le film, la photographie, l?installation et la performance. Son ?uvre la plus récente a été montré dans plusieurs biennales, la Biennale de Venise en 2005, de São Paulo en 2006, de Gwanju en 2006, de Moscou en 2007 et de Sharjah en 2007, ainsi qu?à l?Istanbul Modern, la Kunsthalle de Vienne, l?Ok Centrum, le Museum of Modern Art Arnhem, la Tate Modern, le Moma NY, le National Museum of Kabul, le Netherlands and Miami Central, l?ICA London, le ZKM, le Capc Bordeaux, le CAC Centre d?Art Contemporain de Bretigny, et le Frac Lorraine Metz, France. Cette année, elle aura une exposition solo à l?Indianapolis Museum (IMA) et aux Smithsonian at Sackler galleries.