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Emma Boudon

RAGE THEY DESERVE

Vidéo expérimentale | 4k | couleur | 6:6 | France | 2022

Ce film se situe à mi-chemin entre pièce de danse contemporaine et film expérimental. Lors de cette deuxième collaboration avec la danseuse Hava Hudry, je souhaitais questionner la place du corps féminin dans l’espace public, et dans ce cas précis celui de la nuit et de la fête qui peut être très ambivalent (à la fois brave space et lieu dangereux, particulièrement pour les femmes ou personnes perçues comme femmes). La relation qu’entretient la danseuse avec le sol est primordiale ; elle choit, se redresse, se cambre, casse ses mouvements, rampe. C’est à la fois une transe libératrice et une expression primaire de la violence intériorisée qui finit par exploser. L’interprétation d’Hava renvoie le / la spectateur.ice la relation qu'iel entretient avec son propre corps, et au jugement qu’iel a pu émettre sur celui d’autrui, notamment celui de personnes sexisées (femmes ou perçues comme femmes). La projection est accompagnée d’un parfum dont les notes salines et métalliques rappellent des odeurs corporelles aussi attractives que répulsives. Ce mélange multisensoriel permet d'occuper la totalité de l’espace et emmener le spectateur à prendre part à la fête.

Après une licence de Lettres à Paris-Sorbonne et un Bachelor en Photographie et Vidéo à l'Ecole des Gobelins, Emma Boudon étudie à l’École des Beaux-Arts de Paris où elle articule sa pratique artistique entre vidéo, installations et photographie. Elle développe son travail autour de la question de la présence des femmes, ou perçues comme femmes, dans l’espace public. Dans son dernier film/installation RAGE THEY DESERVE, elle témoigne des violences qui se manifestent dans différents espaces collectifs, en particulier celui du monde de la nuit. Elle le caractérise comme un « brave space » transgressif où se confrontent violence et liberté. Cette ambiguïté est retranscrite à la fois dans une chorégraphie qui combine transe libératrice et colère explosive, mais aussi par l'environnement lui-même, espace de défoulement, qui peut rapidement basculer de la joie à l’insécurité, de la lumière à l'obscurité. Cette obsession pour la fête l'a mené, présentement, à réaliser un film autour de la scène underground séoulite.