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Clarissa Thieme

Was bleibt I Šta ostaje I What remains / Re-visited

Doc. expérimental | 4k | couleur | 70:0 | Allemagne | 2020

Les films se terminent. Les biographies se terminent. La vie continue. Peut-on enfreindre cette loi? Clarissa Thieme s'y essaie. Dans "Was bleibt | Šta ostaje | What remains / Re-visited" (2020), elle se rend dans certains villages et villes de Bosnie-Herzégovine. Elle tourne une seule prise dans chacun des lieux, où d'innombrables personnes ont été violées, torturées, et assassinées pendant la guerre de Bosnie. Elle s'était déjà rendue sur place il y a dix ans. "Was bleibt | Šta ostaje | What remains" (2009, 2010 première mondiale à la Berlinale) montrait ces lieux sans les accompagner de commentaires. Chacune des images posait la question: les lieux témoignent-ils de l'horreur, ou restent-ils silencieux? Dix ans plus tard, tout est différent. Vraiment? Dans chacun des lieux, Clarissa Thieme et son équipe de tournage ont déployé une bâche sur laquelle est imprimée à taille réelle un arrêt sur image du film de 2010. Parfois, cette comparaison entre "hier et aujourd'hui" est un simple acte de reconnaissance silencieux. D'autres fois, elle suscite la conversation. Certains sont évasifs, d'autres sont remplis de souvenirs d’expériences. "Qui est mort où ?" est l'une des questions soulevées. "Qui est parti pour se construire une nouvelle existence?", "qui est resté?", "qui est revenu?" en sont d'autres. Entre les lignes et entre les images, il apparaît clairement que ces sujets n'ont pas encore été assimilés. Comment le pourraient-ils? Il est déjà assez difficile de continuer à vivre. En même temps, l'intervention filmique suscite une réaction: devant la caméra de Clarissa Thieme, des espaces publics temporaires apparaissent. Les vieilles images suscitent un échange, qui prend la forme de ce que les personnes qui réagissent lui apportent. Le film ne résout pas les mystères - il fait quelque chose de mystérieux: il plonge dans l’espace entre le souvenir et la continuation, et imbrique la rétrospection dans le présent. Le vide est partout. Et le film de Clarissa Thieme n'est jamais terminé. Au contraire, il prouve qu'il existe une chance d'agir à travers un film qui persiste. À suivre. (Jan Verwoert)

Clarissa Thieme est artiste et réalisatrice. Travaillant le film, la photographie, la performance, l'installation et le texte, elle associe les formes documentaires et fictionnelles, en se concentrant sur les processus de mémoire, la politique de l’identité, et les stratégies de traduction. Sa pratique est basée sur la recherche, et adopte souvent une approche collaborative. Elle a étudié les arts médiatiques à la UdK - Universität der Künste Berlin (Allemagne), est titulaire d'un Master en études culturelles et pratiques esthétiques à la Stiftung Universität Hildesheim (Allemagne), et est Research Alumni au BAS – Berlin Centre for Advanced Studies in Arts and Sciences (Allemagne). Son travail a été exposé et projeté dans le monde entier, et est disponible chez Arsenal Distribution Berlin (Allemagne) et sixpackfilm, Vienne (Autriche), ainsi que dans le cadre de Video-Forum n.b.k., Berlin (Allemagne); blinkvideo, Hambourg (Allemagne); et DES'T / district, Berlin (Allemagne).