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Lukas Marxt

Imperial Irrigation

Vidéo | 4k | couleur | 20:4 | Autriche, USA | 2020

Trouver l'accès aux strates et aux vérités les plus profondes d'un bout de terre, par le biais du surréel et de ce qui est aliéné numériquement. Tel est l'objectif de "Imperial Irrigation", de Lukas Marxt, où le surréalisme numérique est ancré dans l’intention d’un documentaire expérimental, tandis que les couches de texte et de son s'immiscent dans les multiples strates d'action, décentrant ainsi continuellement le récit. Le point de départ de cette étude territoriale complexe et dynamique est la Salton Sea, en Californie, près de là où "Imperial Valley (cultivated run-off)", de Lukas Marxt, menait déjà. Ce lac, qui s'assèche lentement, et son passé en dents de scie sont approchés par le biais de différents types d'images, dont la plupart mettent délibérément en scène des moments d'aliénation soigneusement disposés. Comme si l'intangibilité du paysage offert ne pouvait être rencontrée par des moyens réalistes, les plans sont découpés numériquement, prolongés par des arrêts temporels, imprégnés de MacGuffins indéfinissables et tremblotant de manière erratique à cause des reflets de l'air qui se produisent lorsqu'on filme à grande distance. Lukas Marxt ne s'exclut pas de cette inspection quasi-coloniale du paysage. Ses bottes de cow-boy, son chapeau en peau de serpent, le temps qu'il passe devant les machines à sous ou dans la voiture interviennent à plusieurs reprises, comme des présences idiosyncratiques dans le flux des images. L'artiste Julia Scher raconte énergiquement une histoire de la Salton Sea basée sur un texte de William L. Fox, récapitulant divers moments d'ancrage discursif. Dans le même temps, des éléments sonores entrelacés subtilement, notamment des passages insistants du musicien Jung An Tagen, viennent dépasser le "sens insensé" des événements, à la manière d’un média alternatif. Il en ressort un portrait troublant d'une partie de l'Anthropocène, dont le film résume bien le cap actuel, catastrophique. (Christian Höller)

Lukas Marxt est né en 1983, en Autriche, et vit et travaille entre Cologne (Allemagne) et Graz (Autriche). Il est artiste et réalisateur. L'intérêt de Lukas Marxt pour le dialogue entre l'existence humaine et géologique, et pour l'impact de l'homme sur la nature, s’est d’abord développé lors de ses études de géographie et de sciences de l'environnement à l'université de Graz, puis lors de ses études audiovisuelles à l'université d'art de Linz. Il a obtenu un master à la Kunsthochschule für Medien Köln, Cologne (Allemagne), et a suivi le programme de troisième cycle à la Hochschule für Grafik und Buchkunst Leipzig (Allemagne). Lukas Marxt a partagé ses travaux dans le milieu des arts visuels, ainsi que dans celui du cinéma. Ses œuvres ont été présentées dans de nombreuses expositions individuelles et collectives, notamment au Torrance Art Museum, Los Angeles (USA) [2018]; à la Biennial of Painting, Museum Dhondt-Dhaenens, Laethem-Saint-Martin (Belgique) [2018]; et au Museum of Modern and Contemporary Art Rijeka (Croatie) [2018]. Ses films ont été présentés dans de nombreux festivals de cinéma à l’international, notamment à la Berlinale, Berlin (Allemagne) [2017, 2018]; à Curtas Vila do Conde, Vila do Conde (Portugal) [2018]; et au Festival international du film de Gijón (Espagne), où il a reçu le prix Principado de Asturias pour le meilleur film court [2018]. Depuis 2017, Lukas Marxt a passé un temps considérable en Californie du Sud (USA), où il a fait des recherches sur les structures écologiques et sociopolitiques entourant la Salton Sea.