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Julie Chaffort

Fauves

Doc. expérimental | mov | couleur | 52:0 | France | 2021

"L’odeur des fauves en nous". L’oeuvre s’inscrit dans la démarche assurément poétique de Julie Chaffort qui imagine et fabrique des situations relevant de l’instant magique. Les ingrédients sont le vivant, le chant, la musique, la visibilisation de corps contraints à une trop grande discrétion. Au coeur de ces situations aussi fascinantes que troublantes, Julie Chaffort filme les relations qui existent entre les terrestres (l’ensemble des êtres vivants, sans hiérarchie), les éléments (eau, terre, air et feu), les voix, les sons et les musiques qui prolongent les corps. Le chant des oiseaux, la voix d’une humaine, la puissance d’une chorale, le râle du vent. Les animaux (humain.es compris.es) interagissent avec ferveur et tendresse avec les arbres, la neige, les rivières, les sols. Pensées comme des scènes refuges où les corps existent librement, exultent et s’expriment, les oeuvres réveillent des émotions et des sentiments profondément inscrits dans nos chairs terrestres : l’attention, l’inquiétude, l’écoute, l’amour, la perte, la sensibilité, l’absence, la jouissance, la vulnérabilité ou encore le réconfort. Un ensemble d’états qui nous attache les un.es aux autres et qui rythme les cycles d’une longue métamorphose commune aux êtres visibles et invisibles qui peuplent le vivant.

Pour Julie Chaffort, le cinéma est un médium dominant, naturel, qu’elle choisit très tôt de développer, à l’école des beaux-arts de Bordeaux où elle étudie, puis auprès de Roy Andersson qu’elle assiste, et de Werner Herzog dont elle suit le séminaire à sa Rogue Film School. Les vidéos de Julie Chaffort mirent le paysage, le toisent et le parcourent ; on y croise des hommes au destin tragique et des héros aussi beaux que les chants qui les accompagnent – peut être pour en donner la mesure. Les gestes accomplis sont tout à la fois drôles et absurdes, l’avenir toujours incertain et les paroles s’envolent, attrapées par les branches d’une forêt ou englouties dans les eaux d’un lac. Les récits s’écrivent entre les longs plans-séquence et se devinent dans les détails que la lenteur permet d’observer comme l’on admire une nature morte. L’artiste ouvre des univers parallèles, atemporels et insituables, où le monde se signale à nous par ses infimes déplacements et l’infinité de ses signaux – étrangement menaçants. En 2013, Julie Chaffort expose au Centre International d’Art et du Paysage de Vassivière, le film « Hot-Dog », moyen-métrage qu’elle y a réalisé la même année en résidence. L’année suivante, elle présente sa première exposition personnelle « Jour Blanc » au Centre Clark de Montréal, avec des installations vidéos et sonores créées in situ. En 2015 lors de sa résidence à Pollen à Monflanquin, elle réalise le moyen-métrage « La barque silencieuse » ; ce film, « aussi facétieux qu’émouvant, aussi déroutant que respectueux de tout ce qui s’offre à voir et à entendre » pour Jean-Pierre Rehm, est sélectionné en 2016 en compétition française et premier film au FID Marseille. Il est également projeté à la galerie Thaddaeus Ropac à Paris Pantin lors de l’exposition Jeune création 66ème édition et remporte deux prix indépendants, avec deux expositions à la clé, l’une pour la Progress Gallery, « Entre chiens et loups », et l’autre pour la galerie du Pavillon à Pantin, « Les cowboys », sélectionné également au FID 2017. Julie Chaffort remporte en 2015 le prix Bullukian et crée « Somnambules », une exposition personnelle présentée à la fondation. L’artiste a été lauréate du prix « Talents Contemporains » 2015 de la fondation François Schneider pour l’oeuvre « Montagnes Noires » et obtient la même année, le prix Mezzanine Sud et expose au Musée des Abattoirs de Toulouse. Le film « La barque silencieuse » entre en 2017 dans la collection du FRAC Aquitaine ainsi que la vidéo « Nostalgia » dans celle du FRAC Occitanie Toulouse. En 2018, Julie Chaffort est lauréate du prix Mécènes du Sud Montpellier-Sète et obtient en 2019 la bourse de soutien à la création du CNAP pour l’élaboration de son projet vidéo « PRINTEMPS » dont une exposition monographie du même titre est présentée à l’ancien palais épiscopal des musées de Béziers avec le soutien de Mécènes du Sud Montpellier-Sète en 2020. Son dernier film « Légendes » a fait partie de la compétition officielle française et la compétition CNAP du FIDMarseille 2020.