Programme Paris
Vendredi 28 novembre 2025
Aujourd'hui, les Rencontres Internationales Paris/Berlin vous invitent à la MEP Maison européenne de la photographie, pour quatre séances de projection exceptionnelles, en entrée libre, à 14h, 16h, 18h et 20h.
Projection
MEP Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris / Métro : Saint-Paul, ligne 1 / Pont Marie, ligne 7
Entrée libre tout public dans la limite des places disponibles, sur réservation (les réservations seront prochainement ouvertes)
Accréditation professionnels et badge jeunes : accès gratuit prioritaire dans la limite des places disponibles
"Guerres. Partie 1"
Franz Wanner : Berlin-lichtenberg - Documentaire | mp4 | couleur et n&b | 7:20 | Allemagne | 2024
Franz Wanner
Berlin-Lichtenberg
Documentaire | mp4 | couleur et n&b | 7:20 | Allemagne | 2024
La vidéo Berlin-Lichtenberg utilise des images provenant d’un film familial tourné en 1943. L’intention apparente du filmeur — saisir des moments paisibles de la vie familiale, comme une promenade avec sa femme et son enfant, ou un moment de détente au restaurant au bord du lac dans le quartier berlinois de Lichtenberg — est troublée par l’irruption d’éléments visuels non intentionnels. À l’arrière-plan, la vie quotidienne du système de travail forcé devient visible : un groupe de travailleuses forcées en route vers leur lieu de travail, ainsi que les baraquements d’un camp de travail forcé derrière le lieu de promenade. Ces éléments n’ont pas été choisis consciemment : ils constituent au contraire une documentation fortuite de l’omniprésence du travail forcé dans l’Allemagne nazie. Pour la vidéo, ces images amateurs ont été remontées et accompagnées de cartons qui contextualisent les images muettes et y ajoutent un niveau fictionnel.
Dans son travail artistique, Franz Wanner (*1975 à Bad Tölz, Allemagne ; vit à Zurich) aborde des thèmes tels que la politique migratoire de l’Union européenne, les services secrets allemands et l’industrie de l’armement, ainsi que leur histoire, leurs structures actuelles et les effets du nazisme sur l’impératif allemand de prospérité. « Dans une pratique conceptuelle dont la rigueur de recherche et la cohérence formelle, dans la lignée de Hans Haacke, continuent — par l’enquête et le transmedia — de poser des questions là où personne ne l’a encore fait » (Nora Sternfeld, HFBK Hambourg), « il produit des images d’une dissonance cognitive collective et une poésie analytique autour de la pathologie du non-regard dans l’Allemagne d’aujourd’hui et ses idiomes » (Stephanie Weber, Lenbachhaus Munich). En tant qu’artiste en résidence au Harun Farocki Institute, il a développé l’exposition Mind the Memory Gap pour le KINDL – Centre for Contemporary Art à Berlin. Sous le titre Eingestellte Gegenwarten, il a réalisé sa première exposition personnelle en Italie, à Merano Arte, qui sera présentée en version modifiée au Lenbachhaus de Munich en 2026.
Feargal Ward, Jonathan Sammon : Ivanko The Bear's Child - Doc. expérimental | dcp | couleur | 25:0 | Irlande | 2024
Feargal Ward, Jonathan Sammon
Ivanko the Bear's Child
Doc. expérimental | dcp | couleur | 25:0 | Irlande | 2024
La femme d’un paysan s’égare dans la forêt et tombe sur la tanière d’un ours. L’ours la garde auprès de lui, et avec le temps naît un être mi-ours, mi-enfant. Tous deux aspirent à s’enfuir. Sur ce fond, nous avançons dans les couloirs et les rues d’une ville militaire allemande désertée, autrefois siège central de l’occupation de l’Europe de l’Est par l’armée soviétique. Fermé au public pendant des décennies, cet ensemble énigmatique est devenu pour les étrangers « la Ville Interdite ». Un conte russe primitif sert de guide pour traverser ce site labyrinthique, qui semble évoquer à la fois l’héritage de ce passé disputé et les résonances troublantes de notre présent. Un conte russe primitif sert à parcourir ce site labyrinthique, qui semble évoquer à la fois l'héritage de ce passé controversé et les résonances troublantes de notre présent.
Feargal Ward et Jonathan Sammon sont deux cinéastes irlandais. Une grande partie de leur travail explore les frontières et les potentialités de la forme documentaire hybride, où les codes et dispositifs du cinéma narratif sont souvent appropriés ou détournés afin d’interroger des vérités établies. Parmi leurs précédentes collaborations figure Tin City, présenté en avant-première à la Berlinale cette année (Forum Expanded), puis sélectionné dans plusieurs festivals, dont Karlovy Vary, Cinéma du Réel et le Festival dei Popoli, où il a reçu le Prix International Discoveries. Leurs autres collaborations, impliquant Adrian Duncan, incluent Lowland (Cork International Film Festival), Memory Room (IDFA, EVA International, Dokufest Kosovo) et Tension Structures (IDFA, Hot Docs, RIDM). Le long métrage documentaire de Ward, The Lonely Battle of Thomas Reid, a été présenté en première mondiale en compétition principale à l’IDFA, puis montré dans de nombreux festivals avant d’être diffusé à la télévision allemande, irlandaise et finlandaise. Son premier long métrage documentaire, Yximalloo (co-réalisé avec Tadhg O’Sullivan), a été présenté en première à FID Marseille, où il a remporté le Prix Premier
Saskia Kessler : Das Gewicht Von Steinen - Documentaire | 4k | couleur | 17:51 | Allemagne | 2025
Saskia Kessler
Das Gewicht Von Steinen
Documentaire | 4k | couleur | 17:51 | Allemagne | 2025
La tribune Zeppelin, située sur l’ancien terrain des congrès du parti nazi à Nuremberg, est l’un des vestiges architecturaux les plus emblématiques de l’ère nazie. Là où les foules se rassemblaient autrefois pour acclamer Hitler, se déroulent aujourd’hui des courses automobiles et diverses activités de loisirs. Le film explore la tension entre mémoire et abandon, usage et responsabilité — et pose la question suivante : à une époque où l’extrémisme de droite progresse, comment appréhender un lieu conçu pour une idéologie criminelle qui demeure pourtant enchâssé dans le tissu de la vie quotidienne ?
Saskia Kessler a étudié les études européennes à l’Université de Maastricht puis la sociologie à l’Université Friedrich-Alexander d’Erlangen-Nuremberg, avant de découvrir sa passion pour le cinéma. Depuis octobre 2022, elle étudie la réalisation de films documentaires à la Hochschule für Fernsehen und Film de Munich.
Bojan Fajfric : Greetings From Kosovo 1989 - Doc. expérimental | mov | couleur | 13:39 | Slovénie, Pays-Bas | 2025
Bojan Fajfric
Greetings from Kosovo 1989
Doc. expérimental | mov | couleur | 13:39 | Slovénie, Pays-Bas | 2025
Greetings from Kosovo 1989 (2025) Single-channel video, (DV Pal 4:3), 13:39 min. Greetings from Kosovo 1989 s’appuie sur des images d’archives du rassemblement de 1989 au Kosovo, rendu célèbre par le discours de Slobodan Miloševi?. S’adressant à une foule de plus d’un million de personnes, il prit la parole dans un contexte de tensions ethniques croissantes au Kosovo et d’agitation politique en Yougoslavie. Sa mention de « combats armés » dans l’avenir de la Serbie a fait de ce discours un moment tristement célèbre, souvent considéré comme annonciateur des guerres yougoslaves. Reformulant et subvertissant le format du reportage télévisé, l’œuvre met en évidence l’hystérie de masse, la folie et la banalité de l’iconographie nationaliste et religieuse. À la lumière des événements récents, revisiter cet épisode — une composante indissociable d’une histoire qui a profondément marqué la fin du XXème siècle — constitue un geste crucial, tant cette histoire demeure intensément vivante.
Bojan Fajfri? (Belgrade, ex-Yougoslavie) est un artiste et cinéaste basé aux Pays-Bas depuis 1995. Diplômé de la Royal Academy of Fine Arts de La Haye et ancien résident de la Rijksakademie à Amsterdam. Travaillant principalement avec les images en mouvement et la photographie, il crée des récits stratifiés qui interrogent l’impact de l’histoire sur les trajectoires individuelles. Son intérêt se porte sur la relation poreuse entre la mémoire et l’image en mouvement. Son travail a été présenté dans des institutions telles que le Palais de Tokyo (Paris), le Baltic Centre for Contemporary Art (Gateshead), le San Telmo Museum (Saint-Sébatien), De Appel (Amsterdam), le Belgrade October Salon, la NGBK (Berlin) et le Center for Cultural Decontamination (Belgrade). Ses films ont été largement diffusés dans des festivals internationaux, parmi lesquels le International Film Festival Rotterdam, le International Short Film Festival Oberhausen, le Vienna International Film Festival, DOK Leipzig, le Sharjah International Film Festival, le Tempo Documentary Festival (Stockholm), les Rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid, et le Impakt Festival (Utrecht).
Astrid Ardagh : Ishavsringen - Documentaire | dcp | | 20:36 | Pays-Bas, Norvège | 2024
Astrid Ardagh
Ishavsringen
Documentaire | dcp | | 20:36 | Pays-Bas, Norvège | 2024
En 2022, une importante cyberattaque russe a isolé les îles norvégiennes de Bjørnøya et de Hopen du reste du monde. On Air retrace la manière dont un petit groupe de radioamateurs norvégiens est intervenu pour rétablir le contact, révélant le rôle essentiel des technologies analogiques dans une société numérique de plus en plus fragile. Observé à travers les yeux curieux d’anthropologues extraterrestres, le film explore comment le code Morse et les signaux radio pourraient, un jour, devenir les gardiens de notre monde hyperconnecté.
Astrid Ardagh est une artiste et cinéaste originaire d’Engeløya, dans le nord de la Norvège. Diplômée en images en mouvement de la Gerrit Rietveld Academy à Amsterdam, elle développe des œuvres in situ qui explorent les interconnexions entre les êtres humains et leur environnement dans un monde en mutation rapide. En mêlant son intérêt pour l’anthropologie à une mise en récit esthétique, elle crée des films immersifs et sensoriels qui dépassent les perspectives traditionnellement anthropocentrées. Les courts-métrages d’Ardagh ont été présentés dans des festivals renommés tels que Clermont-Ferrand et le Kortfilmfestivalen de Grimstad, ainsi que dans des galeries et musées d’art tels que Kristiansand Kunsthall, l’Eye Filmmuseum et le Stedelijk Museum d’Amsterdam.
Au départ de films amateur de 1943, Franz Wanner observe la vie tranquille dans un quartier de Berlin, et les moments où involontairement la caméra capte ce que la société dissimule. Près de Berlin, Feargal Ward et Jonathan Sammon explorent Wünsdorf, ancien camp militaire qui a servi successivement d’enclave fortifiée pour les pouvoirs prussien, nazi et soviétique. Construit pour le contrôle, c’est aujourd’hui un débris en décomposition de l’idéologie totalitaire. Saskia Kessler filme la tribune Zeppelin, sur l’ancien site des rassemblements du parti nazi à Nuremberg, aujourd’hui site touristique et piste automobile. En mettant en évidence l’hystérie de masse, la folie et la banalité de l’iconographie nationaliste, Bojan Fajfric reprend les images d’archives de Slobodan Milošević au Kosovo, qui, en 1989, s’adressait à une foule d’un million de personnes, dans un contexte de tensions ethniques et d’agitation politique en Yougoslavie. Sa formule « batailles armées » avait été perçue comme annonciatrice des guerres yougoslaves. Dans les îles arctiques de Norvège, Astrid Ardagh explore le rôle des radioamateurs lors d’une cyberattaque russe, qui avait entrainé la coupure de tout moyen de communication.
Projection
MEP Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris / Métro : Saint-Paul, ligne 1 / Pont Marie, ligne 7
Entrée libre tout public dans la limite des places réservation (les réservations seront prochainement ouvertes)
Accréditation professionnels et badge jeunes : accès gratuit prioritaire dans la limite des places disponibles
"Guerres. Partie 2"
Sam Drake : Suspicions About The Hidden Realities Of Air - Doc. expérimental | 16mm | couleur et n&b | 9:9 | USA | 2025
Sam Drake
Suspicions About the Hidden Realities of Air
Doc. expérimental | 16mm | couleur et n&b | 9:9 | USA | 2025
Fragments d’archives d’événements presque trop sinistres pour être crus : des tests secrets d’irradiation menés par le gouvernement des États-Unis sur ses propres citoyens durant la guerre froide. Le film se confronte aux difficultés de documenter l’invisible, de saisir ce qui n’est que vagues et fréquences. Tourné sur pellicule périmée, c’est à travers l’image contaminée et un paysage sonore complexe que l’invisible se manifeste. – Cristina Kolozsváry-Kiss, IFFR Pendant la guerre froide, le gouvernement américain a développé un programme d’expériences radiologiques clandestines sur des êtres humains, utilisant ses propres citoyens comme sujets de test. Suspicions About the Hidden Realities of Air est une exploration elliptique de cet épisode historique sombre, circulant entre vastes paysages et corps humains individuels. Des fragments d’archives et des images en 16 mm — tournées sur pellicule expirée — évoquent les lieux de nombreux sites d’essais à travers les États-Unis. Des paysages urbains nocturnes, des scènes délavées du désert américain et des détails en gros plan de l’Amérique rurale s’entrelacent avec une voix off et des textes à l’écran renvoyant aux témoignages sur les effets persistants de cette période de tests secrets. – Open City Documentary Festival
Sam Drake (née à Dayton, Ohio) est une cinéaste basée à Milwaukee, Wisconsin. Son travail a été présenté dans des festivals et lieux tels que le Museum of Modern Art, l’International Film Festival Rotterdam, Media City Film Festival, CROSSROADS, le Museum of the Moving Image, Alternative Film/Video, Collectif Jeune Cinéma, Non-Syntax Experimental Image, Winnipeg Underground Film Festival, Transient Visions Festival of the Moving Image et Antimatter. Elle a également assuré la programmation de l’Union Cinema et du Mini Microcinema, et enseigne actuellement à l’Université du Wisconsin–Milwaukee.
Liina Siib : Nii Tuli Lõpp - Doc. expérimental | 4k | couleur | 17:31 | Estonie | 2025
Liina Siib
Nii tuli lõpp
Doc. expérimental | 4k | couleur | 17:31 | Estonie | 2025
« Nii tuli lõpp / And Then Came The End » s’appuie sur l’expérience du prêtre catholique allemand Magnus Frey dans les camps de prisonniers de guerre de Narva, en Estonie, entre 1945 et 1946. Dans ce film, Siib montre les lieux de cette histoire à Narva tels qu’ils sont aujourd’hui, vidés de toute présence humaine — bâtiments délabrés et paysages hivernaux. La bande sonore intègre des fragments du quotidien décrits dans les mémoires de Frey : comment les prisonniers n’ont jamais reçu les quelques roubles promis, comment leurs couvertures chaudes leur ont été retirées avant l’hiver ; comment les prisonniers croyants parvenaient à confectionner du pain de communion malgré les conditions extrêmes ; et comment, affamés, ils se divertissaient en évoquant leurs plats préférés ou en recopiant leurs recettes favorites. Les extraits du journal de Frey sont disposés à l’écran, accompagnés d’images et d’une bande sonore musicale, composant un poème en prose à partir de matériaux documentaires. La valeur d’une telle micro-histoire, qu’elle soit textuelle ou cinématographique, ne réside pas dans la révélation de grands événements ni dans l’interprétation des tournants historiques. Elle tient plutôt au fait que des anecdotes et fragments individuels peuvent servir de preuves vivantes, rendant l’histoire sensible et nous invitant à prendre au sérieux la souffrance et l’existence d’autrui — hier comme aujourd’hui. Par Teemu Mäki
Liina Siib est artiste visuelle, cinéaste et enseignante. Elle vit et travaille à Tallinn, en Estonie. Ses œuvres abordent des thèmes allant de la féminité et de l’espace social aux multiples formes que prennent les pratiques quotidiennes. Elle combine observations de terrain, archives, récits historiques, narrations circulant dans la société, approches psychanalytiques ainsi que théories contemporaines de l’art et du cinéma. Les personnages, espaces et situations qu’elle met en scène sont souvent ceux qui passent inaperçus en raison de leur banalité, ou qui ont été tus, marginalisés, oubliés. Dans son approche pluridisciplinaire, elle mobilise film, vidéo, photographie, installation, performance, ready-made, médias imprimés et livres d’artiste. Ses vidéos documentaires expérimentales et ses courts métrages mis en scène ont été présentés aussi bien dans des festivals de films d’artistes que dans des expositions en galerie, souvent sous des formes d’expanded cinema. En 2011, son projet A Woman Takes Little Space a représenté l’Estonie à la 54? Biennale d’art de Venise. Ses œuvres figurent dans plusieurs collections publiques et privées, notamment au Musée d’art d’Estonie (Tallinn), au Neues Museum (Nuremberg) et au Moderna Museet (Stockholm).
Marcel Mrejen : Larry - Vidéo | 4k | couleur | 10:0 | Algérie | 2024
Marcel Mrejen
Larry
Vidéo | 4k | couleur | 10:0 | Algérie | 2024
Sur des images muettes en 16 mm tournées par un soldat français dans l’Algérie occupée, le film met en scène une rencontre entre la mémoire coloniale et le paysage sonore de la guerre contemporaine. À mesure que le militarisme actuel infiltre l’archive, le temps se fissure et les images se mettent à résonner de conflits passés et à venir. Il en résulte une méditation spectrale sur la manière dont la violence coloniale continue de vibrer au cœur des imaginaires militaires d’aujourd’hui.
Marcel Mrejen (FR/DZ), né en 1994 à Paris (FR), est un artiste visuel et cinéaste dont la pratique explore l’articulation des technologies au sein des métabolismes vivants et économiques. Son travail prend des formes variées au sein des médias temporels — installations, cinéma, sound design, apprentissage automatique. Diplômé de la Gerrit Rietveld Academie en 2018, il a ensuite été résident au Fresnoy – Studio national des arts contemporains de 2021 à 2023. Son travail a été exposé ou projeté dans diverses institutions culturelles, parmi lesquelles le Stedelijk Museum (Amsterdam), l’Institute of Contemporary Arts (Londres) ou encore l’Eye Filmmuseum (Amsterdam). Parallèlement à sa pratique artistique, il a co-curaté la première édition de REFRESH: Future-Proof en 2021. Son premier film, Memories of an Unborn Sun, a reçu le prix du Meilleur court métrage à Visions du Réel en 2024, et a été présenté — et récompensé — dans de nombreux festivals à travers le monde. En 2025, il reçoit le Prix Scam du Meilleur film expérimental. En collaboration avec Eliott Déchamboux, il a publié en 2019 son livre L’Europe c’est Deutshland quand tu rates là-bas tu es foutu mon frère, le reste c’est du fouma-fouma, aux éditions Jungle Books.
Assaf Gruber : Miraculous Accident - Fiction expérimentale | 0 | couleur et n&b | 29:15 | Pologne | 2025
Assaf Gruber
Miraculous Accident
Fiction expérimentale | 0 | couleur et n&b | 29:15 | Pologne | 2025
Miraculous Accident est un film transtemporal qui raconte l’histoire d’amour entre Nadir, un étudiant marocain à l’École de cinéma de ?ód? en 1968, son enseignante de montage, Edyta, de confession juive, et leur relation partagée avec Jarek, le meilleur ami de Nadir et protégé d’Edyta. Nadir fait partie d’un groupe d’étudiants nord-africains envoyés étudier les techniques cinématographiques communistes dans le cadre du soutien du Bloc de l’Est aux luttes anti-impérialistes. Malgré son opposition au sionisme, Edyta est contrainte de quitter la Pologne en raison de la rupture politique entre la Pologne et Israël après la guerre des Six Jours, ou la Naksa (« la Défaite »). En 2024, Nadir retourne à l’école pour réaliser un film après avoir découvert une lettre oubliée qu’Edyta lui avait écrite depuis Haïfa en 1989. Le film pleure la cruauté des nations, capables de faire naître de rares miracles — des amours accidentelles — pour mieux les briser avant qu’ils n’aient le temps de respirer. Inspiré par la vie de l’ancien étudiant marocain, poète et cinéaste Abdelkader Lagtaâ, qui interprète également Nadir dans le film, Miraculous Accident tisse son récit à travers des images originales et des extraits de films d’étudiants des années 1960 réalisés par Lagtaâ et ses camarades.
Assaf Gruber (né à Jérusalem en 1980) est un sculpteur et cinéaste vivant et travaillant à Berlin. La relation dynamique entre les individus et les institutions est au cœur de sa pratique, qui vise à explorer à la fois comment l’orientation politique des établissements hérités impacte la vie des personnes, et comment ces organisations choisissent de représenter et de transmettre les faits ainsi que les artefacts qui les accompagnent. Les biographies absurdes des protagonistes de ses projets révèlent tout autant qu’elles obscurcissent les raisons et les motivations qui conduisent les gens à obéir ou à se rebeller — contre leur monde intérieur ou contre la société dans laquelle ils vivent. Sa photographie, sa sculpture et ses installations placent la matérialité des objets en relation avec des dimensions narratives, créant ainsi des espaces fictionnels où mouvement et non-mouvement fonctionnent comme un médium. Les expositions personnelles de Gruber incluent la Berlinische Galerie, Berlin (2018), et le Muzeum Sztuki, ?ód? (2015). Ses films ont été présentés dans des festivals tels que l’International Film Festival Rotterdam (2023) et FID Marseille (2022). Il a étudié à Cooper Union à New York et est diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris ainsi que du Higher Institute of Fine Arts (HISK) à Gand.
Yuliya Tsviatkova : In The Animal's Skin - Film expérimental | mov | couleur et n&b | 14:10 | Biélorussie, Pologne | 2025
Yuliya Tsviatkova
In the animal's skin
Film expérimental | mov | couleur et n&b | 14:10 | Biélorussie, Pologne | 2025
J’ai rêvé que je devenais un animal. Je pouvais franchir la frontière librement, à travers la forêt. J’entrais sur cette terre sans être vu — cette terre qui me manque et me fait peur à la fois. J’y ai rencontré ma grand-mère, que je n’ai pas vue depuis plusieurs années. Elle ne m’a pas reconnu, mais nous nous tenions très proches l’un de l’autre, en silence. In the Animal’s Skin explore la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, qui traverse la forêt ancestrale de Bia?owie?a — un sanctuaire protégé devenu un lieu de murs, de détentions et de peur. Le mur n’arrête pas seulement les réfugiés : il divise les habitats animaux et perturbe des routes migratoires millénaires. À Bohoniki, un village tatar proche de la frontière, la communauté tatar locale enterre avec une dignité silencieuse les réfugiés retrouvés dans la forêt — un contraste saisissant avec l’abandon politique. Le film réfléchit aux frontières, à la violence, et aux liens fragiles entre humains, animaux et forêt — cette forêt qui demeure témoin muet.
Yuliya Tsviatkova (née en 1993, Biélorussie) est une artiste visuelle et cinéaste basée en Allemagne. Forte d’une double formation en microbiologie et en arts plastiques, elle aborde l’image en mouvement comme un espace où l’observation scientifique rencontre la poétique. Son travail explore l’écologie, la mémoire et les traumatismes politiques à travers des récits non linéaires, souvent centrés sur l’exil, la violence environnementale et l’enchevêtrement des vies humaines et non humaines.
Juliette Corne : Izioum - Documentaire | mov | couleur | 4:18 | France, Ukraine | 2025
Juliette Corne
Izioum
Documentaire | mov | couleur | 4:18 | France, Ukraine | 2025
Place centrale d’Izioum, quelques mois après la libération de la ville. Une caméra hésitante parcourt les traces de la guerre, tandis que des habitant·es reprennent leur quotidien.
Juliette Corne est diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2022. Son travail navigue entre l’art contemporain et le cinéma, explorant les événements socio-politiques contemporains et leurs conséquences sur les représentations et les intimités. Attachée à révéler les mécanismes qui engendrent une normalisation de la violence, elle capte, à travers ses films, ses installations et ses photographies, des moments de vie qui continuent malgré l’horreur et la guerre. Zoé Monti
Sam Drake documente l’invisible, avec des archives de tests radiologiques secrets menés par le gouvernement des États-Unis sur ses propres citoyens pendant la guerre froide. Liina Siib reprend des souvenirs du père Magnus Frey, prisonnier de 1945 à 1946 dans un camp de prisonnier à Narva, ville estonienne sur la frontière est. Marcel Mrejen assemble des images silencieuses de soldats français en Algérie occupée, hantées par les fantômes des guerres à venir. Assaf Gruber s’inspire de la vie du poète et cinéaste marocain Abdelkader Lagtaâ, ancien étudiant à l’École de cinéma de Łódź, également interprète dans le film, pour tisser un récit à travers images d’archives et extraits de films étudiants des années 60. Dans un état de rêve, Yuliya Tsviatkova traverse la forêt de Białowieża, à la frontière biélorusse-polonaise, pour entrer dans une terre qui lui manque et qu’elle craint tout à la fois. Juliette Corne filme la place centrale d’Izoum, ville ukrainienne, en février 2023, cinq mois après la libération de la ville de l’occupation russe.
Séance spéciale
MEP Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris / Métro : Saint-Paul, ligne 1 / Pont Marie, ligne 7
Entrée libre tout public dans la limite des places réservation (les réservations seront prochainement ouvertes)
Accréditation professionnels et badge jeunes : accès gratuit prioritaire dans la limite des places disponibles
"Projections mentales"
Peter Maybury : L’esprit De L’escalier - Film expérimental | 4k | couleur | 5:50 | Irlande | 2025
Peter Maybury
L’esprit de l’escalier
Film expérimental | 4k | couleur | 5:50 | Irlande | 2025
L’esprit de l’escalier est le troisième film d’une trilogie consacrée au Pálás, un cinéma de Galway, en Irlande, conçu par Tom dePaor. Ouvert en 2018, le cinéma a fermé au public en février 2025, et j’ai assisté à l’une des dernières projections au Pálás : Goodbye Dragon Inn de Tsai Ming-Liang, lui-même un film sur la fermeture d’une salle de cinéma. Je suis revenu le lendemain matin, ces pensées encore en tête, pour filmer les escaliers qui parcourent le bâtiment. Ces espaces ne sont pas tempérés, à moitié intérieurs, à moitié extérieurs, tandis que les salles de projection, avec leurs intérieurs rouges et feutrés, sont optimisées pour le son, la température et la lumière. Le titre de mon film renvoie à l’expression “avoir l’esprit de l’escalier” (penser à la réplique parfaite trop tard), mais surtout à l’esprit même de l’escalier. Comme dans Goodbye Dragon Inn, tant de vie circule dans ces lieux où les personnes, la météo, la lumière et le son s’entrecroisent, influencent — voire habitent — le mouvement ou l’immobilité de la caméra, jusqu’à ce que l’endroit lui-même devienne un film.
Peter Maybury est un artiste pluridisciplinaire irlandais. Ses recherches fondées sur la pratique couvrent des travaux en tant qu’artiste, graphiste, cinéaste, éditeur, écrivain, rédacteur, commissaire, musicien et enseignant. Il est diplômé de Central Saint Martins, à Londres, et doctorant au Centre for Socially Engaged Practice-Based Research de la TU Dublin. Il a collaboré de manière extensive avec des artistes et des institutions, des éditeurs et des commissaires, sur plus de 200 publications d’art et d’architecture. Peter est un collaborateur de longue date de Tom dePaor, avec qui il réalise des livres, des films et des œuvres pour des expositions. Parmi ses travaux filmiques figurent On being there (2022/23, projeté aux Rencontres Internationales Paris/Berlin 2023/24), Landfall (2020), une installation filmique d’une heure sur double écran, ainsi que, avec dePaor, les films de Gall Drape (2018) et A Study (2015), réalisé pour une exposition à l’ETH Zurich. Peter est l’auteur de Make Ready (2015), et co-auteur avec dePaor de Reservoir (2010) et Of (2012).
Minne Kersten : Where I M Calling From - Vidéo | 0 | couleur | 5:40 | Pays-Bas, France | 2025
Minne Kersten
Where I M Calling From
Vidéo | 0 | couleur | 5:40 | Pays-Bas, France | 2025
Where I'm calling from était une exposition de nouvelles œuvres de l’artiste Minne Kersten, basée aux Pays-Bas. Travaillant avec l’architecture de la David Dale Gallery, Minne a construit un environnement détaillé et évocateur qui explore la capacité narrative des objets inanimés et leur rôle dans l’activation de la mémoire de manière transportante. Minne adopte une approche littéraire dans son travail, mêlant installation, vidéo, sculpture et dessin pour façonner le décor d’un monde fictionnel. À travers ses installations immersives, elle révèle des bâtiments attentifs aux histoires et aux traumatismes, mettant en scène des situations soumises au chaos, à la décomposition et à la déconstruction. Minne explore les traces d’événements laissées derrière elles et les expose comme les témoins d’histoires privées conservées par les murs qui nous entourent. Son travail interroge la relation entre le réel et l’imaginé, l’ordinaire et l’étrange, et pose des questions sur la mémoire et ses reconstructions. Travaillant à travers une variété de médias, elle entremêle des thèmes personnels tels que le deuil, la perte et la mémoire avec le domaine collectif de la fiction, des fables et des symboles.
Minne Kersten (1993, NL) est une artiste basée à Paris et Amsterdam, travaillant la vidéo, l’installation et la peinture. Sous ces médiums se déploie une approche littéraire dans laquelle elle combine plusieurs techniques pour construire un monde où objets et scènes portent les traces du factuel comme de la fiction. Elle spécule sur les manières dont nous pouvons nous souvenir d’événements, de souvenirs et d’histoires, en suivant ce qui se perd dans ce qui demeure. Son travail interroge la relation entre le réel et l’imaginé, l’ordinaire et l’éphémère, et pose des questions sur la mémoire et sa reconstruction. En attirant l’attention sur l’acte même de construire — autant dans notre monde partagé que dans nos imaginaires — son travail tisse un lien entre des thèmes intimes tels que le deuil, la perte et le désir, et le domaine collectif de la fiction, des fables et de la fabrication des symboles. La peinture et le dessin sont continuellement produits au cours d’un processus d’introspection et de recherche. Ils servent de prise de notes visuelle, élaborée en parallèle de ses approches spatiales. Ces dernières années, elle a développé une méthode consistant à fabriquer un environnement architectural qui se révèle être une scénographie, un décor de film, puis une sculpture. Souvent nourries par des rencontres personnelles avec des lieux, ces sculptures offrent un terrain tangible pour explorer comment un espace peut témoigner ou déformer des récits et des événements. En mettant en scène des situations qui intègrent des éléments symboliques, tels que l’apparition d’animaux ou de présences fantomatiques, elle évoque les façons dont le passé peut laisser son empreinte sur le présent. En soumettant ses scènes au chaos, à la décomposition et à la perturbation, elle suggère différentes issues à cette expérience familière d’instabilité, de perte de contrôle et de passage vers un état de transition.
Appu Jasu : When Andromeda And Milky Way Embrace - Fiction | 4k | couleur | 22:32 | Finlande | 2024
Appu Jasu
When Andromeda and Milky Way Embrace
Fiction | 4k | couleur | 22:32 | Finlande | 2024
Un avion solitaire vole haut au-dessus d’un paysage sombre. Au milieu de champs de neige intacte, un rover scrute à la fois le sol et les étoiles, et commence à être troublé par l’histoire qu’on lui a jadis inculquée. Isolées à l’intérieur de l’appareil, des personnes tentent d’interpréter les messages de plus en plus complexes du rover, tout en cherchant à dévoiler le passé — et l’avenir.
Appu Jasu (né en 1987) est un artiste basé à Helsinki, travaillant avec la vidéo, le son, la photographie et le texte. Dans ses œuvres, fiction, documentaire et absurde se rencontrent et échangent des idées sur la vie et la société. Sa pratique consiste à réfléchir à travers chacun de ces médiums — image, texte, son — chacun prenant tour à tour l’initiative pour orienter l’œuvre dans une nouvelle direction. Les vidéos de Jasu figurent dans les collections du Musée d’art contemporain Kiasma et du Musée d’art d’Helsinki, et ont été présentées notamment au WNDX (Canada) et à Doclisboa (Portugal).
Leopold Emmen : Another Woman - Film Adaptation (work In Progress) - Installation vidéo | mp4 | | 13:6 | Pays-Bas | 2025
Leopold Emmen
Another Woman - film adaptation (work in progress)
Installation vidéo | mp4 | | 13:6 | Pays-Bas | 2025
« Another Woman – film adaptation » est un film en trois volets qui présente des scènes intimes entre trois personnages — deux femmes et un homme — au cours d’une rupture. Le film explore un monde de fiction et de performance dans une narration cinématographique et scénographiée, où trois images sont montrées simultanément. Le style visuel se concentre autant sur les corps performants que sur leur environnement. Des émotions sous-cutanées affleurent à travers des interactions tactiles, lorsque les personnages touchent et éprouvent leur place au sein des propriétés physiques de l’espace. Les murs, le plafond, le sol, les rideaux et le mobilier forment des obstacles, des limites et des vides qui confrontent les protagonistes à la situation et à l’état d’esprit dans lesquels ils se trouvent. Les intérieurs deviennent des miroirs de leurs mondes intérieurs, à la fois surréels et intuitivement reconnaissables. « Another Woman – film adaptation », 2025, est une re-mise en scène de l’installation spatiale « Another Woman », 2022. Nous présentons un extrait de 13 min 6 s du film final, dont la durée estimée sera de 70 minutes.
Leopold Emmen est une collaboration entre la cinéaste Nanouk Leopold et l’artiste visuel Daan Emmen. Dans notre travail, nous expérimentons le film comme une expérience spatiale et cinématographique dans laquelle le visiteur joue un rôle actif. À travers les caractéristiques d’un lieu et le comportement de nos protagonistes, nous cherchons à rendre tangible la manière dont une présence influence la vie et les relations à l’autre. Une invitation ouverte à explorer le monde physique et mental des personnages eux-mêmes. En créant une conscience de la façon dont l’espace, le son et l’image en mouvement peuvent se conjuguer dans une expérience incarnée et approfondie, nous souhaitons bousculer notre regard conditionné. Réfléchir à la manière dont nous voyons le monde, dont nous nous voyons dans ce monde, et dont nous nous voyons les uns les autres.
Nelson Henricks : Stopping - Vidéo expérimentale | mov | couleur | 4:25 | Canada | 2025
Nelson Henricks
STOPPING
Vidéo expérimentale | mov | couleur | 4:25 | Canada | 2025
Nuit. La lune est une pierre. Les oreilles sont bouchées. Une chaise équilibre sur le toit d’une maison. Une boîte argentée se compose d’elle-même : un instrument mystérieux. Une bille roule dans la tête de quelqu’un. Deux pierres tournent. Est-il possible d'arrêter l'esprit ?
Henricks est diplômé du Alberta College of Art and Design. En 1991, il s'est installé à Montréal où il a obtenu un baccalauréat en cinéma de l'Université Concordia. Henricks a récemment terminé un doctorat à l’Université du Québec à Montréal. Henricks a enseigné en histoire de l’art et en arts visuels à l'Université McGill, à l’UQAM et à l’Université de Montréal. Il est présentement chargé de cours à l'Université Concordia. Artiste et commissaire, Henricks est mieux connu pour ses vidéogrammes et ses installations vidéo, qui ont été présentés à travers le monde, notamment au MoMA (New York), dans le cadre de la série Video Viewpoints. Il a été récipiendaire du Prix Bell Canada d’art vidéographique en 2002, a reçu le Prix Giverny Capital en 2015, et le Prix Louis-Comtois en 2023. Une exposition de son travail a été présentée au Musée d’art contemporain de Montréal in 2023. Ses oeuvres sont dans la collection du Musée des beaux-arts du Canada, du MoMAr (New York), du Musée des beaux-art de Montréal, du Musée national des beaux-arts du Québec, le Musée d’art contemporain de Montreal, entre autres. Il est représenté par la galerie Paul Petro Contemporary Art.
Salomé Lamas : Gold And Ashes | Redux - Fiction | 4k | couleur | 30:0 | Portugal | 2025
Salomé Lamas
Gold and Ashes | REDUX
Fiction | 4k | couleur | 30:0 | Portugal | 2025
Gold and Ashes s’érige sur des dualités d’échelle internes et externes — ontologiques et épistémologiques — qui se reflètent aussi bien dans les personnages que dans le temps et l’espace où se déroule l’action, ou encore dans le monde qu’ils habitent. Le projet est structuré autour d’un plan concret et d’un plan abstrait, en référence à la subjectivité humaine. Le projet met en scène deux actrices. Le plan concret se déroule dans des lieux de tournage qui servent de décor à la narration, avec dialogues directs et action : une mère et sa fille, situées dans le temps présent. Il met en jeu une sphère sociale définie par des modèles de communication complexes et des conventions — la parenté, les quêtes existentielles — tout en soulignant l’artificialité d’une réalité construite : un dessin habité. Le plan abstrait se situe dans un studio de cinéma qui constitue l’arrière-plan d’une narration para-philosophique, faite de monologues et dépourvue d’action : deux entités déconnectées (dont on ignore si elles ont conscience l’une de l’autre), placées dans un temps indéterminé. Ce plan déploie un labyrinthe mental structuré par des dynamiques de pouvoir relationnelles et des émotions humaines conflictuelles — telles que l’histoire de l’humanité et sa relation à la Terre — tout en soulignant les spéculations autour d’articulations symboliques et imaginaires altérées par la perte du social, du politique et du spirituel. Globalement, le projet se déploie autour des systèmes cognitifs, des modèles sociétaux et des paradigmes civilisationnels. Il adopte une approche qui reconnaît l’évolution humaine tout en exposant les limites humaines à suivre les poétiques et les politiques relationnelles de deux grands récits — [a]naturalisme, [anti]éco/[géo]constructivisme — qui nourrissent la mythologie de l’impact humain sur la Terre (l’Anthropocène). Deux perspectives intemporelles l’animent : le progrès et l’apocalypse, interrogeant notre capacité à reconstruire et orienter la Terre loin des désastres socio-écologiques, et montrant ce que signifie considérer la Terre (et l’humanité) comme un devenir irremplaçable — une trajectoire qui ne peut être dupliquée, refaite ou maîtrisée. Gold and Ashes est une exploration puissante de la condition humaine face à la dévastation, reflétant l’engagement continu de Lamas envers des thèmes difficiles et urgents, abordés par des techniques innovantes qui bouleversent souvent les structures narratives traditionnelles — créant des films non linéaires, fragmentés, ou qui retiennent volontairement des informations clés. Cette méthode renforce la dimension parafictionnelle de son travail, car elle reflète la complexité et l’incertitude des événements réels, où la vérité demeure souvent insaisissable. Dans ce projet, elle explore également l’idée de mémoire subjective et de la manière dont les histoires personnelles et collectives se construisent. Par l’usage de la parafiction, elle met en lumière la fluidité de la mémoire et les façons dont les récits sont façonnés par le point de vue de celui qui les raconte, ainsi que par leurs contextes politiques et sociaux. Gold and Ashes symbolise ainsi la dualité entre destruction et résilience : les « cendres » représentent les vestiges de la guerre et de la perte, tandis que l’« or » incarne l’espoir et la force auxquels les survivants s’attachent pour reconstruire leur vie. Lamas utilise son esthétique singulière pour brouiller les frontières entre réalité et fiction, créant une expérience stratifiée et immersive qui invite le spectateur à questionner sa propre compréhension de la vérité, de la mémoire, et de leur impact dans les sphères privée comme publique.
Salomé Lamas a réalisé plus de trente projets, installés et projetés à l’international, aussi bien dans des salles de cinéma que dans des galeries d’art contemporain et des musées. Chacun d’eux donne accès à une réalité sociale différente, le plus souvent caractérisée par son inaccessibilité géographique ou politique. L’intérêt de l’artiste pour des contextes impénétrables, politiquement ambigus, est guidé par le désir et la nécessité de problématiser une réalité qui, autrement, ne serait pas perceptible. Le réseau de relations qui constitue la trame socio-politique de ses projets devient visible à travers des stratégies de représentation, pour lesquelles elle a adopté le terme de « parafiction ». Plutôt que d’adhérer à une signification indéfinie de la parafiction — pour laquelle il n’existe pas de terminologie véritablement établie — elle en propose une expansion et une re-signification. Dans sa pratique artistique, la parafiction peut être lue à la lumière de son préfixe « para- », où l’on rencontre divers effets de déplacement essentiels à sa compréhension. Dérivé du latin, « para- » indique « à côté de, adjacent à, au-delà de, ou distinct de, mais analogue à » ; dans certaines combinaisons, il peut aussi signifier « erroné, irrégulier », renvoyant à une « altération » ou une « modification » ; plus encore, « para- » implique « séparé, défectueux, irrégulier, désordonné, impropre, incorrect, perversion ou simulation ». Ainsi, la parafiction serait une fiction pervertie, altérée, modifiée ou poussée au-delà de son point de référence, plutôt que contenue dans les limites de la catégorie de fiction. Elle peut également être comprise comme une « simulation » de la fiction, désignant une distorsion de la frontière de ce qui est considéré comme fiction, atteignant ce qui se trouve de l’autre côté : le domaine du non-fictionnel ou la quête du « réel ». Autrement dit, au lieu que la fiction soit utilisée pour brouiller la frontière avec le non-fictionnel, elle devient un moyen d’étendre et de transcender ces frontières. Salomé Lamas part du principe que nous n’avons pas accès à une réalité stable. Nous sommes confrontés à un excès de significations, d’interprétations, d’explications, de manipulations, de (dé)constructions et d’évaluations qui composent les récits et les systèmes dans lesquels nous évoluons. Par conséquent, le besoin de s’approprier l’idée de parafiction découle de la question de savoir comment la subjectivité humaine se forme, en s’appuyant sur la psychanalyse, dans le but d’éclairer et d’élargir des concepts tels que le réel (quelque chose d’inaccessible), la réalité, le symbolique et l’imaginaire. Elle en vient ainsi à travailler à la frontière entre fiction et non-fiction, employant la représentation et la formulation d’hypothèses selon certains critères méditatifs et un code déontologique relatif à ce qui est plausible, assumant consciemment la « tâche du traducteur » — comparable à l’illusionnisme — et en repoussant les limites. Dans ce cadre, elle mobilise diverses stratégies non-fictionnelles — recherche ethnographique, expériences de pensée, réflexivité, re-mise en scène, performativité, entre autres — afin d’explorer les limites de la fiction. Cela apparaît dans le développement de sa méthodologie, où l’on trouve différentes manifestations de parafiction, notamment des situations dans lesquelles personnages et récits fictionnels croisent le monde tel que nous l’éprouvons. La combinaison de ces stratégies, au détriment d’autres aspects spéculatifs, forme une sorte d’hypothèse qui maintient un certain degré d’exactitude vis-à-vis de la réalité, tout en en questionnant l’autorité. La parafiction permet ainsi de prendre une convention et de la déconstruire, de la déformer, d’exposer l’impossibilité de fournir une preuve de la vérité, jusqu’à faire naître des doutes quant à sa validité, tout en offrant néanmoins des raisons de la considérer comme plausible. Salomé Lamas problématise les deux versants de la frontière entre mondes historiques et mondes imaginaires, et enregistre comment ils ont évolué dans le temps, considérant la parafiction comme un outil fondamental de traduction pour définir l’identité, le langage et la culture. Elle intensifie, exagère et spécule sur les manières dont le monde devient sensible, en déclenchant des moments révélant leur propre fabrication, dans un contexte de post-vérité exacerbé par la nature technologique et globalisée de notre époque. Révéler cette transformation constitue une entreprise continue et minutieuse, mais aussi spirituelle, capable de relier la sphère individuelle (privée) à la sphère sociale (publique), et d’introduire ainsi de nouvelles informations et perspectives sur notre passé, notre présent et notre futur. Ainsi, tout en ayant conscience de ses limites et de ses contradictions apparentes, la parafiction contribue à donner forme au chaos de la vie et à lui conférer une signification — dans un compromis entre la réalité et sa fictionalisation.
Peter Maybury trace un parcours dans un lieu qui devient un film. Minne Kersten filme des papillons de nuit, qui deviennent un motif pour interroger l’assimilation de l’obscurité à l’absence, au secret ou à la peur. Au milieu de ruines, Appu Jasu présente des personnes isolées dans un avion, qui tentent d’interpréter des messages de plus en plus complexes. Sur trois images présentées simultanément, Leopold Emmen explore un monde de performance et de fiction, à travers une narration spatiale qui présente des scènes intimes de trois personnages au cours d’une rupture, interprétés par Sandra Hüller, Meg Stuart et Gillis Biesheuvel. Dans un paysage où la lune est un rocher, Nelson Henricks entre dans la conscience pour se demander s’il est possible d’arrêter l’esprit. Salomé Lamas montre deux femmes dans un exercice de rédemption — mère et fille —, qui vont au-delà de leurs limites pour se libérer de leurs vies confortables et étouffantes.
Séance spéciale
MEP Maison Européenne de la Photographie
5/7 rue de Fourcy - 75004 Paris / Métro : Saint-Paul, ligne 1 / Pont Marie, ligne 7
Entrée libre tout public dans la limite des places réservation (les réservations seront prochainement ouvertes)
Accréditation professionnels et badge jeunes : accès gratuit prioritaire dans la limite des places disponibles
"Espaces queer, corps hybrides"
Lisa Freeman : Hook, Spill, Cry Your Eyes Out - Film expérimental | mp4 | couleur | 2:26 | Irlande | 2024
Lisa Freeman
Hook, Spill, Cry Your Eyes Out
Film expérimental | mp4 | couleur | 2:26 | Irlande | 2024
Une plongée tête baissée dans le paysage urbain capitaliste, portée par une caméra dynamique et un montage d’une grande finesse. Productivité, optimisation, mouvement constant vers l’avant. Dans ce court-métrage expérimental de l’artiste et réalisatrice Lisa Freeman, la frénésie de la caméra et la rapidité du montage transmettent l’exigence terne et ininterrompue faite au corps : travailler, toujours, dans notre société capitaliste. À travers des fragments d’environnements de béton, des corps sur des tapis de course, des mannequins de crash-tests et d’autres images urbaines omniprésentes, combinés à une bande-son de respirations hachées et de conversations disloquées, Hook, Spill, Cry Your Eyes Out propose un commentaire acéré sur ce que notre société érige abusivement en nécessité absolue.
Lisa Freeman est une artiste et réalisatrice basée à Dublin, en Irlande. Son travail interroge les structures économiques et de pouvoir, et explore la manière dont l’intimité peut être mobilisée comme forme de résistance. Ses œuvres récentes ont examiné le quotidien — là où les sons de la ville traversent les rêves, nostalgies ou espoirs d’autrui, et où de petits moments conduisent à des événements plus surréels (Slipped, Fell and Smacked my Face on the Dance Floor) — ainsi que l’isolement social dans l’espace public (Hook, Spill, Cry Your Eyes Out). Freeman occupe un atelier au Temple Bar Gallery + Studios à Dublin. Elle a reçu plusieurs bourses et aides à la création du Arts Council of Ireland. Son travail fait partie de la collection du Arts Council of Ireland. Elle a participé à des résidences en Corée du Sud (BARIM Arts, 2016), ainsi qu’à la Cité Internationale des Arts à Paris dans le cadre d’un programme avec l’Institut Français, soutenu par Temple Bar Gallery + Studios Dublin et Bétonsalon, Paris (2025).
John Gillies : Scentdia - Vidéo | 0 | couleur | 5:20 | Australie | 2025
John Gillies
Scentdia
Vidéo | 0 | couleur | 5:20 | Australie | 2025
Au cours de ses errances dans une forêt nocturne, un robot croise différentes fleurs et plantes, se confrontant au monde naturel et tentant de respirer le parfum d’une fleur sauvage.
John Gillies est un artiste basé à Sydney (Eora) qui crée depuis les années 1980 des œuvres utilisant les médias temporels, notamment la performance, l’image en mouvement, l’installation, la musique et le son. S’inspirant du théâtre expérimental et des langages de la vidéo et du cinéma, sa pratique artistique est souvent improvisée et collaborative.
Kim Richard Adler Mejdahl : Glory 1 - Vidéo expérimentale | 4k | couleur | 2:0 | Danemark | 2024
Kim Richard Adler Mejdahl
Glory 1
Vidéo expérimentale | 4k | couleur | 2:0 | Danemark | 2024
Les membres du club de gay linedance « Outliners » dansent dans une pièce noire. Glory 1 est une œuvre vidéo conçue par l’artiste danois pluridisciplinaire Kim Richard Adler Mejdahl. Le scénario onirique met en scène un antidote symbolique au patriarcat et à ses conceptions destructrices de la masculinité. Dans l’esprit de l’artiste, Glory 1 est un symbole de protestation. Voir des cowboys danser ensemble plutôt que de s’affronter devient un geste subversif contre les conceptions conventionnelles de l’homme. C’est une manière de renverser l’idéal macho du patriarcat — celui qui pèse sur les hommes et dicte leurs existences.
Kim Richard Adler Mejdahl est diplômé de la Royal Danish Academy of Fine Arts depuis 2019. Son œuvre protéiforme mêle humour slapstick et horreur gothique, souvent à partir de récits issus de sa propre histoire personnelle. Qu’il s’agisse de sorties d’albums musicaux, de productions filmiques ou de vastes projets d’expositions monographiques, la pratique de Mejdahl explore des thèmes tels que la guérison des traumas, notre relation à la nature, la spiritualité et l’identité de genre. Ses œuvres vidéo ont touché des publics internationaux, avec des projections à travers l’Europe et l’Asie. Sous le nom d’artiste Kim Kim, Mejdahl a réalisé de nombreuses performances live et publié plusieurs albums musicaux. En quelques années, il a collaboré avec un large éventail d’institutions, parmi lesquelles Kunsthal Charlottenborg, le Roskilde Festival, le parc d’attractions danois BonBon-Land, le théâtre Sort/Hvid, et plus récemment KØN – Gender Museum Denmark. En 2025, Mejdahl a reçu la bourse de travail triennale de la Danish Arts Foundation. Son travail est également présent dans la collection de la Galerie nationale du Danemark.
Guerreiro Do Divino Amor : Roma Talismano - Doc. expérimental | 4k | couleur | 9:38 | Brésil | 2024
Guerreiro Do Divino Amor
Roma Talismano
Doc. expérimental | 4k | couleur | 9:38 | Brésil | 2024
Roma Talismano, septième volet du Superfictional World Atlas, explore Rome comme talisman moral et esthétique de l’Occident. Au son d’hymnes et d’arias d’opéra, trois animaux allégoriques — la louve, l’aigle et l’agneau — racontent l’incessant recyclage de l’esthétique romaine pour fabriquer une universalité classique artificielle et délavée, de la Renaissance au fascisme jusqu’à aujourd’hui : Roma Talismano, volcan éternel de blancheur visuelle et spirituelle.
Guerreiro do Divino Amor est titulaire d’un master en architecture de l’École d’architecture de Grenoble (France). Depuis vingt ans, sa recherche au long cours, Superfictional World Atlas, explore les mythologies historiques, médiatiques, religieuses et corporatives qui composent l’imaginaire collectif des nations. À partir de fragments du réel, il construit un univers de science-fiction sous forme de films, de publications et d’installations de grande envergure. Il a représenté la Suisse à la Biennale de Venise 2024, a été boursier du programme DAAD Artists-in-Berlin en 2021–2022 et a reçu le PIPA Prize en 2019. En 2022, il a présenté la rétrospective Superfictional Sanctuaries au Centre d’art contemporain de Genève. Son travail a été montré, entre autres, à la Triennale Frestas de Sorocaba (Brésil), à la Bangkok Biennale 2024, au CAC Vilnius (Lituanie) et à la Pinacoteca de São Paulo. Ses films primés ont été projetés dans de nombreuses institutions et festivals, en France et à l’international. Guerreiro do Divino Amor vit et travaille à Rio de Janeiro, au Brésil.
Abri De Swardt : Kammakamma - Installation vidéo | 4k | couleur | 16:54 | Afrique du sud | 2024
Abri De Swardt
Kammakamma
Installation vidéo | 4k | couleur | 16:54 | Afrique du sud | 2024
Si l’embouchure d’une rivière pouvait parler, que dirait-elle ? En imaginant les bouches des rivières comme conteuses et historiographes, Kammakamma forme l’épisode inaugural du second volet d’une trilogie en images mouvantes consacrée à l’Eerste, en Afrique du Sud — une rivière envisagée comme témoin et vectrice d’histoires englouties. Son titre évoque les glissements entre les termes khoekhoe pour l’eau (//amma) et la ressemblance (khama), tandis que kamma s’est fondu dans l’afrikaans avec le sens de « faire semblant ». À travers trois chroniques imbriquées — celles d’Abri de Swardt, de la poète Ronelda S. Kamfer et de l’historienne Saarah Jappie — la rivière devient une zone de saturation où comprendre le climat et la catastrophe. Dans cet épisode, De Swardt interroge l’un des mythes fondateurs de l’afrikandérité à travers la figure d’Hendrik Biebouw, un adolescent oisif qui, en 1707, attaqua un moulin à eau de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales situé au bord de la rivière, se proclamant ivre un « Africaander » — un terme alors réservé aux personnes réduites en esclavage, affranchies ou autochtones. Sa déclaration est indissociable du lieu où elle fut prononcée, du vin en tant qu’agent du colonialisme de peuplement, et de l’instabilité même du langage. Refiguré en purgatoire, Biebouw tamise le sable de sacs prélevés autour de l’estuaire pour le reverser dans la confluence obstruée de l’Eerste et de la Plankenbrug, tandis que son oraison délirante mêle afrikaans, néerlandais, allemand et malgache. Des interludes filmés après des crues montrent la rivière tour à tour sauvage et aménagée, et des tableaux inspirés de manuels de natation et de sauvetage mettent en avant la charge et l’étouffement. Par un double dispositif de synchronisation, De Swardt fait de la perception elle-même une ivresse désorientante.
Abri de Swardt (né en 1988, Johannesburg) est un artiste basé à Johannesburg, en Afrique du Sud. Travaillant entre vidéo, photographie, sculpture et performance, sa pratique interroge les effets persistants de la blanchité et de la masculinité coloniales de peuplement en Afrique australe, ainsi que les perceptions de la queerness comme « non naturelle » et « non africaine », en croisant historiographie, fiction, auto-ethnographie, écologie, désir et registres fantastiques. Le travail de De Swardt a été exposé, performé ou projeté à la Norval Foundation, Le Cap ; au Kunstverein Braunschweig ; au Goldsmiths Centre for Contemporary Art, Londres ; au Rupert Museum, Stellenbosch ; à la National Gallery of Art, Vilnius ; à l’Institute of Contemporary Arts, Londres ; ou encore au Centre for the Less Good Idea, Johannesburg, parmi d’autres. Ses expositions personnelles incluent POOL x Field Station, Le Cap (2024) ; POOL, Johannesburg (2018) ; MOT International Projects, Londres (2013) ; et blank projects, Le Cap (2011). De Swardt a mené des résidences à Rupert, Vilnius ; au Hordaland Kunstsenter, Bergen ; et à la Nirox Foundation, Cradle of Humankind. En 2022, il a reçu le Social Impact Arts Prize et a été nommé pour le Foam Paul Huf Award. Il est titulaire d’un MFA en arts plastiques du Goldsmiths, University of London, et sera artiste résident 2025–2026 au sein de Braunschweig Projects, Hochschule für Bildende Künste Braunschweig.
Charlotte Dalia : Speechloss - Film expérimental | 4K | couleur | 15:0 | France | 2023
Charlotte Dalia
Speechloss
Film expérimental | 4K | couleur | 15:0 | France | 2023
SPEECHLOSS est un film traversé par des personnages solitaires, des figures en décalage et en quête de sens. Dans une ambiance maritime et étrange, on croise une joggeuse, un bodybuilder, des chiens et un étrange organe géant. Speechloss est une succession de quatre tableaux dans lesquels souffle le vent et un puissant désir de se dire vivant. Car chacun.e incarne un.e IA abandonnée, en attente d’activation.
Charlotte Dalia est née en 1993. Elle est diplômée de l’Institut Supérieur des Arts de Toulouse. Artiste plasticienne, vidéaste et réalisatrice, ses recherches portent sur les effets tant plastiques que narratifs du cinéma. Impégnée du principe de «cinémonde» théorisé par Jean-Luc Nancy, elle utilise le cinéma en tant que répertoire de signes «ouvrant le dedans sur lui-même». Elle a participé à de nombreuses expositions collectives et a été invitée à construire deux expositions personnelles. Poursuivant ses recherches sur les écritures de la réalité à travers les formes de la fiction, elle se forme à l’écriture documentaire auprès de Ty Films et Films en Bretagne. Elle travaille actuellement au développement d’ALMERICA, un projet mêlant crise climatique et décors de cinéma, et à l’écriture d’ un moyen métrage faisant suite à SPEECHLOSS, pour en poursuivre l'univers.
Nicolas ThomÉ Zetune, Felipe André Silva : Minhas Férias - Fiction expérimentale | 0 | couleur | 16:36 | Brésil | 2025
Nicolas ThomÉ Zetune, Felipe André Silva
Minhas férias
Fiction expérimentale | 0 | couleur | 16:36 | Brésil | 2025
« Je viens tout juste d’arriver du futur, et là-bas les gens vont encore au cinéma. En y repensant, il vaudrait peut-être mieux commencer ainsi : Je viens tout juste d’arriver du futur, et là-bas les gens vont encore au cinéma. »
Nicolas THOMÉ ZETUNE (1993, Brésil) est un réalisateur basé à São Paulo. En 2012, il fonde la société de production FILMES DE AMOR. Ses courts métrages ont été présentés dans certains des plus grands festivals internationaux, dont l’International Film Festival Rotterdam. Son premier long métrage, O Pequeno Mal, a été présenté au FID Marseille en 2018. Son deuxième film, O Tubérculo, a fait sa première mondiale au 27? Festival de Tiradentes. En 2025, Nicolas est sélectionné pour Berlinale Talents Buenos Aires, un forum international de discussion et de développement de projets organisé en partenariat avec la Berlinale et le BAFICI – Buenos Aires International Independent Film Festival. Il prépare actuellement son troisième long métrage, Invisible Tunnel, un projet sélectionné au FIDLab (Marseille, France). Le tournage est prévu pour novembre 2026. Felipe ANDRÉ SILVA (1991, Recife) est cinéaste et poète. Il a signé notamment les longs métrages Santa Mônica (2015) et Passado (2020), ainsi que le court Cinema Contemporâneo (2019). Il travaille régulièrement comme programmateur pour le festival Janela Internacional de Cinema do Recife. En littérature, il a publié les recueils o escritor Xerxenesky et o autocad de Britney Spears, et dirige actuellement &legal edições, une micro-maison d’édition numérique dédiée à la poésie contemporaine.
Gabriela LÖffel : Nous N’avons Pas Besoin De Nous Connaître à L’avance - Installation vidéo | hdv | couleur | 20:15 | Suisse | 2024
Gabriela LÖffel
Nous n’avons pas besoin de nous connaître à l’avance
Installation vidéo | hdv | couleur | 20:15 | Suisse | 2024
« Nous n’avons pas besoin de nous connaître à l’avance » est une œuvre vidéo hybride, qui alterne des moments de performance dansée, des images d'archives et des citations textuelles. Gabriela Löffel s'appuie sur l'aspect politique de l'espace public pour construire sa réflexion et développe un essai visuel qui met en scène la "performativité des corps dans cette zone d'action politique". En puisant dans l'œuvre écrite de Judith Butler, philosophe et théoricienne du genre états-unienne qui a travaillé sur la question du corps et de sa représentativité normée dans nos sociétés contemporaines, Löffel donne véritablement une corporéité aux questions soulevées par l'auteure. Les citations issues de l'œuvre de Butler sont données à voir en parallèle aux éléments dansés et archivistiques de la vidéo. La caméra presque fixe permet d'examiner en détail les gestes lents et précis des danseur·euse·s. Les déplacements de l'appareil sont presque imperceptibles, tant ils sont subtils. L'artiste et le chorégraphe Cédric Gagneur ont étroitement collaboré afin de définir les divers mouvements qui composent la chorégraphie : ils proposent une abstraction des gestes de résistance ou de révolte, tirés des images d'archives issues de la collection des Archives contestataires de Genève. La lenteur et le silence habitent la pièce et donnent suffisamment d'espace au corps pour qu'il puisse se déployer de manière individuelle ou en collectivité. L'œuvre propose ainsi une dialectique du potentiel de revendication dans l'espace public. Œuvre coproduite par le Fonds cantonal d'art contemporain, Genève, avec le Fonds d'art contemporain de la Ville de Genève pour le programme MIRE.
Gabriela Löffel travaille principalement avec des médias temporels et se concentre sur les zones grises des structures politiques et financières, ainsi que sur les infrastructures. Le déplacement et la traduction de l’immédiat documenté vers les champs de l’interprétation et de la mise en scène sont des stratégies qu’elle utilise dans son processus de travail. Une méthode qui donne souvent lieu à des projets à long terme et lui permet de créer des espaces de questionnement et de proposer des ruptures avec les récits linéaires. Elle s’intéresse à l’obliquité du sujet et de son contexte. C’est dans ce décalage, induit par sa manière d’aborder les sujets, que son travail ouvre des réflexions sur le sens de la compréhension d’un monde lorsque l’on prend conscience de la fragmentation de nos connaissances. Son travail a été présenté dans des institutions et des galeries dont MAST Bologne, Aargauer Kunsthaus, EMAF Osnabrück, Galería Metropolitana Santiago, Dazibao Montréal, la Biennale Kochi-Muziris et autres. Gabriela Löffel est lauréate du Swiss Art Award, du Lewis Baltz Research Fund, de la bourse Landis+Gyr, ainsi que d'autres.
Lisa Freeman traduit l’injonction imposée au corps, à rester toujours actif, dans notre société capitaliste. John Gillies crée un paysage nocturne, dans lequel un robot tente de sentir le parfum d’une fleur. Kim Richard Adler Mejdahl filme les membres du club de linedance gay « Outliners », pour proposer une image onirique, antidote symbolique au patriarcat et à sa vision destructrice de la masculinité. Guerreiro Do Divino Amor explore Rome comme talisman moral et esthétique de l’Occident, volcan éternel de blanchiment visuel et spirituel. En Afrique du Sud, Abri De Swardt fait de la rivière Eerste, le témoin de récits enfouis, remontant à l’annexion des terres pour les colons, qui avaient effacé les noms en langues autochtones, en 1679. Charlotte Dalia présente des personnages solitaires, figures en décalage et en quête de sens, dans un puissant désir de se dire vivant. Nicolas Thomé Zetune et Felipe André Silva parlent d’un temps futur, où les gens vont encore au cinéma, et mettent en pratique l’idée de Bresson du minimalisme du jeu d’acteur. Gabriela Löffel articule la performativité des corps dans la rue, espace politique par excellence, lieu de débat et de visibilité, de protestation et de résistance.