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Christian Barani
je me suis enfui
Doc. expérimental | mov | couleur | 83:0 | France, Ethiopie | 2021
Un jour Arthur Rimbaud quitte le monde de la culture lassé, déçu, en colère. Il ne comprend pas, il n’admet pas les conventions, le manque de courage, le manque d’investissement du monde de l’art. « La vraie vie est absente » dit Arthur Rimbaud. Alors il part, il part dans un ailleurs qui désigne moins un lieu qu’une tension anarchique. Il recherche le hasard, l’inconnu, la rencontre, l’inattendu. Il veut maintenant pratiquer la poésie puisque personne ne peut comprendre sa poésie. Arthur Rimbaud va vivre les dix dernières années de sa vie à Harar, ville sainte d’Éthiopie (1880-1891). En 2005, je pars à Harar. Tous les jours je marche, me perds. Je ne cherche pas car rien n’est à chercher. Je filme un Harar contemporain. En 2020, je décide de faire de ces séquences un film.
Le travail de Christian Barani prend la forme d’une poésie réaliste engagée. Engagée dans une altérité improvisée, jamais recherchée. Son corps souvent perdu dans l’espace, permet de montrer un certain état du monde. Il marche, traverse, observe, ressent, analyse, il rencontre, il filme. Il se perd, il dérive pour trouver, pour provoquer et créer un lien nécessaire et essentiel à la production d’une image. Il marche durant de longues heures jusqu’à l’épuisement, jusqu’au bout de soi. La dérive le met en danger. Un danger physique et mental qui permet, qui autorise à filmer l’autre dans sa difficulté de vie, dans sa quête de survie, dans sa lutte. Ce n’est qu’à ce prix que l’accueil est possible. L’image vient comme une conséquence. Les formes issues de ces expériences n’ont pas d’a priori. Elles sont souvent diverses et prennent la forme de film, de film installation, de lecture projection, de notes photographiques et de textes. Elles se réalisent à partir du matériau capté et sont souvent pensées en fonction des espaces où elles sont exposées.