Moving_image #10

Moving_image est un cycle de séances mensuelles de projection à la Gaîté Lyrique, un espace laboratoire de découverte et de réflexion dédié aux pratiques contemporaines de l’image en mouvement. Œuvres vidéos, filmiques et multimédias sont présentées sous forme d’abécédaire.

J comme jeu

Gaîté Lyrique, Paris, France | mercredi 10 juillet 2013

Pour la dixième lettre de son abécédaire, MOVING_IMAGE vous propose une séance conçue comme un jeu où le hasard et vous-même décidez du déroulement. Les artistes réinterprètent et détournent le jeu, notamment vidéo, explorent l'interstice réel ou numérique. Avec la projection d'un document rare sur Gordon Matta Clark filmé par Jaime Davidovich, ainsi que des œuvres de Jodi, Joan Leandre, Raphaël Siboni et Fabien Giraud, Axel Stockburger, Benjamin Nuel, Baden Pailthorpe et Federico Solmi.

OEUVRES PROJETÉES

Jaime Davidovich / Gordon Matta Clark : Reality Properties, Fake Estates | vidéo | 7' | USA | 1975

Jodi: Max Payne Cheats Only |

| création numérique | [extrait] 5' | Pays-Bas | 2006

Joan Leandre : In the Name of the Kernel Series - Magic Line | vidéo | 22' 54''| Espagne | 2011

Axel Stockburger : White Transformer | vidéo | 7' 16''| Autriche |2011

Baden Pailthorpe : Formation V | création numérique | [extrait] 5' | Australie | 2011

Benjamin Nuel : L'Hôtel | vidéo | 10' | 2008

Raphaël Siboni, Fabien Giraud : Friendly Fire | vidéo | 11' 14'' | France | 2007

Federico Solmi : Douche Bag City | animation | 8' | Italie/USA/Australie | 2009

Jaime Davidovich documente le projet 'Fake Estates' de Gordon Matta-Clark, qui interrogeait les notions de propriétés, de possession, d’espaces urbains. Pour ce projet, Gordon Matta-Clark avait acheté quinze lots de terrains minuscules, inutilisables, alors mis aux enchères par la ville de New York. Interstices critiques dans le maillage du cadastre de la ville, entre les propriétés et les biens habités, il les destinait à être le cadre de ses interventions 'anarchitecturales', mais à sa mort en 1978, ces terrains revinrent à la ville. Joan Leandre modifie des logiciels de jeu pour explorer l’imaginaire trouble d’un principe informatique fondamental, le kernel, à partir duquel la production du réel et la production d’illusions se confondent. Nous assistons à une fiction narrative complexe où il devient possible de décoder les mécanismes de la fascination technologique à laquelle nous sommes habituellement soumis, et qui conditionnent notre perception du monde. Jodi a opéré des modifications sur le jeu vidéo 'Max Payne', jeu ultra violent dans lequel le personnage doit tuer un grand nombre d’adversaires, et a compilé à partir du jeu toute une série de 'cheats', des altérations volontaires du comportement d'un jeu vidéo. Baden Pailthorpe utilise un simulateur de guerre en Afghanistan, et explore l’esthétique et la dynamique des mouvements du corps militaire. Benjamin Nuel construit un jeu vidéo sur le principe du FPS (jeu de tir en vue subjective), où toutes les armes ont cédé la place à une lourde absence d'hostilité. En observateur distant, nous découvront alors les protagonistes de cette expérience vidéo ludique, aux occupations insolites. Axel Stockburger traite du phénomène cosplay en Chine et de l’acte de transformation d’un homme ordinaire en un personnage de fiction. Le théoricien français Gabriel Tarde disait que pour comprendre ce qu’est le social il fallait s’attarder sur la notion d’imitation. Raphael Siboni et Fabien Giraud ont organisé, scénarisé et orchestré un rassemblement de joueurs d’airsoft dans une des salles du Palais de Tokyo. Il s’agissait de confronter les joueurs à une partie infinie et bouclée sur elle-même, dont les paramètres et les règles étaient continuellement mouvants. Federico Solmi réalise une satire de la crise économique mondiale actuelle, sous forme d’animation conçue comme un jeu vidéo où le protagoniste principal ne peut gagner.